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Magic Mirror - « Champagne And Hostages » - Magic Mirror Music

Rock Times: Magic Mirror - « Champagne And Hostages » - Magic Mirror Music

20/04/2009

Magic Mirror - « Champagne And Hostages » - Magic Mirror Music




Miroir des Possédés


C’est le genre de découvertes auxquelles on s’attache fièrement. De celles qu’on revendique, comme si l’on était le premier profane dans le secret des dieux, à savoir qu’il y a là, tapie dans l’ombre, une petite merveille qui brille fort malgré le peu de lumière. Magic Mirror est de ces pépites, qu’on trouve par hasard, parce qu’il n’est pas toujours nécessaire de chercher, et parce que les chemins ne sont pas toujours tout tracés. Hasard ? Oui peut-être, encore que…

Magique Myspace. C’est donc Myspace, avouons-le. Il aura suffi d’un « clic », d’une visite sur la page du Black Rebel Motorcycle Club : des dates de concerts et une première partie annoncée, Magic Mirror… Le reste appartient à l’anecdote. A l’époque, il ne s’agit que d’un obscur groupe californien signé sur aucun label, noyé dans l’immensité virtuelle. Mais déjà les chansons sont là, bien réelles, et Free Man ou Jerusalem Syndrome frappent instantanément en plein cœur. D’autres suivront, puis tout un disque, « Champagne And Hostages ». Une grille et des cierges dans une mystérieuse église pour le recto, un mirador pour le verso, on a déjà vu pochette plus engageante… On ne s’étonnera guère en revanche de retrouver dans les crédits les noms familiers des batteurs Jason Anchondo et Dan Allaire, rattachant de fait le groupe à la nébuleuse psychédélique du Committee To Keep Music Evil, au Brian Jonestown Massacre d’Anton Newcombe, aux Warlocks, Spindrift et consorts.

Psychédélique chic. Tout commence plutôt rock avec Behold The Night, qui pose un son à base des meilleurs ingrédients : guitares, nappes de clavier de bon cru (comprendre « vintage ») et une voix, celle de Matthew Lindgren, compositeur, interprète et architecte du projet. Mais on ne tarde pas à découvrir, avec The Truth et surtout (Lord Knows I’m Not) Holding Her Tonight, que « Champagne And Hostages » est un disque mélancolique. Du genre qui s’écoute le dimanche matin quand la confrontation avec le monde extérieur se remet à plus tard. The Holiday, avec sa rythmique de guitare et sa suite d’accords, renvoie au What Goes On du Velvet Underground, mais rappelle aussi qu’on est ici dans un psychédélisme aux teintes sombres, adultes, avec la voix de crooner de Lindgren, grave comme peut l’être celle d’un Leonard Cohen, pure et traînante comme une distante complainte dans Trapdoor.

Georgia marque un point de non-retour dans la progression de l’album, un palier de lévitation. Guitare slide lumineuse, tambourin et amour difficile. Mais tout ça n’est rien à côté de Free Man, pierre angulaire et perle obsédante, trop belle pour n’être qu’un savant assemblage. On retrouve la slide magnifiquement réverbérée, une guitare acoustique et le tambourin, auxquels s’articulent un orgue tout ce qu’il y a d’organique et des harmonies vocales vaporeuses (la voix céleste de sa muse Daniella Meeker en doux écho féminin). « I’m a free man when I sleep » répète Matthew en guise d’échappatoire. Sait-il seulement quel refuge cathartique il a enfanté avec cette chanson ? Never Gonna Die resserre l’atmosphère sur un amour apaisé et rebondit sur The Accident, qui renoue avec un tempo plus enlevé. C’est pour mieux faire jaillir Jerusalem Syndrome, l’autre cathédrale de ce disque. De l’orgue tournoyant à la guitare qui n’en finit plus de geindre, en passant par les chœurs, tous concordent à l’expulsion libératrice d’un spleen prisonnier de profondes déchirures passées.

Evil Country semble amorcer la descente en douceur, mais s’étoffe lentement jusqu’à exploser en un point d’orgue tout en chœurs ; et Nachtmusik n’est plus ensuite qu’une errance instrumentale aérienne, calme et brumeuse pour s’extraire doucement de ce bel album.

Flavien Giraud


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