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Rock Times

Rock Times: novembre 2009

23/11/2009

Rock Times 3.1

13/11/2009

Black Diamond Heavies - « Alive As Fuck » - Alive Records






Le blues sacrifié sur l’autel du rock’n’roll



Uniquement disponible en vinyl et en import, l’album live des Black Diamond Heavies vient de paraître sous l’égide de leur label de toujours, Alive Records. Deux faces, soit
neuf titres qui suffiront à mettre tout le monde d’accord.

Après les couvertures d’album jaune d’ « Every Damn Time » et rouge de « A Touch Of Someone Else’s Class », vient l’heure du bleu avec « Alive As Fuck ». Une pochette et un vinyl bleus donc, comme cette fameuse note chère à tout bon bluesman qui se respecte. Et de blues, il en est largement question au fil de ces neuf titres enregistrés le 25 juillet dernier à The Covington Masonic Lodge dans le Kentucky. Sur leurs deux précédents disques, les Black Diamond Heavies sonnaient déjà comme en live. Sur cet enregistrement, le Fender Rhodes gorgé de fuzz, la voix éraillée de John Wesley Myers et les folles envolées rythmiques de Van Campbell retranscrivent fidèlement l’énergie développée par le groupe lors de leurs concerts.

Crache ton venin. Le rituel de l’écoute commence par la nonchalante chute du diamant sur le sillon bleu du vinyl. Après le doux crépitement si caractéristique de ces bonnes vieilles chaînes analogiques, un léger cri venant du public se détache. Les fauves sont lâchés : John Wesley Myers et Van Campbell peuvent enfin débuter leur sacrifice, celui du blues sur l’autel du rock’n’roll. Le concert débute avec Take A Ride, emprunté au bluesman T-Model Ford. Les distorsions, l’urgence et la frénésie exultent. D’emblée, cette interprétation fiévreuse annonce la couleur : les Black Diamond Heavies ne donnent pas dans la demi-mesure. Pas de répit, le groupe enchaîne immédiatement sur Hambone, un chant traditionnel du Mississippi au tempo brûlant. Might Be Right, quant à lui, est du Black Diamond Heavies pur jus. Seule accalmie, Bidin My Time joue la carte de la retenue avec son tempo plus lent, sa batterie discrète et son piano mélancolique prêt à faire verser une larme aux plus sensibles.

La deuxième face s’ouvre avec un White Bitch incandescent. Suivent ensuite Loose Yourself et Happy Hour, ce boogie endiablé où les mélodies du Fender Rhodes sont magnifiées par la voix rauque du chanteur. Derrière sa batterie, Van Campbell reste impérial, sachant se faire discret lors des couplets pour mieux rebondir lors des ténébreux solos de son comparse. Avec Leave It In The Road, le groupe revient à un blues plus traditionnel sans pour autant mettre de côté les sonorités écorchées qui ont fait leur réputation. Dernier titre de ce court album, Fever In My Blood débute par un solo de batterie. Peu à peu, la ligne de basse et le Rhodes complètent ce vénéneux tapis musical. Aussi jouissif qu’exaltant, cet enregistrement live devrait ravir tous ceux qui ont eu la chance de voir les Black Diamond Heavies en concert. Quant à ceux qui n’ont pas encore eu ce privilège, le disque devrait les convaincre de se rendre immédiatement aux prochains concerts du groupe, en tournée française ce mois-ci.

Florian Garcia



Tracklisting :

Side one : Take A Ride / Hambone / Might Be Right / Bidin My Time
Side two : White Bitch / Loose Yourself / Happy Hour / Leave It In The Road / Fever In My Blood


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10/11/2009

The Raveonettes - « In And Out Of Control » - Vice/Fierce Panda






A côté de leur pop



Alors comme ça les Raveonettes sortent un quatrième album ? Le duo danois, coqueluche d’une certaine intelligentsia underground et assurément reconnu dans le circuit qui va avec, y a toujours gardé une place à part. Et pour cause, l’égérie sexy Sharin Foo et le ténébreux Sune Rose Wagner produisent une musique unique.
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07/11/2009

Ghinzu, Paris, Le Zénith, 23 octobre 2009


Quand le Zénith de Paris se frotte à Ghinzu


Il y a deux semaines déjà, les Belges de Ghinzu ont signé leur premier concert au Zénith de Paris d’une plume alliant rock, des tonalités intimistes et un remarquable jeu de scène.


Frissons dès les premières minutes du live. Oui, de véritables frissons, presque des convulsions. Parce qu’à 21 h 30, après les beats électriques effrénés des Belges de Sold Out (Charlotte Maison et David Baboulis), John Stargasm, leader de Ghinzu, a offert l’ouverture parfaite : Mother Allegra. Une nappe synthétique aux reflets d’émeraude a enveloppé la salle presque comble. Idéal pour emmener le public bouillonnant vers les sonorités rock du titre suivant, Mirror Mirror, morceau éponyme de l’album sorti en mars dernier.



Maîtrise, puissance, dans leurs costumes noirs, assortis parfois de lunettes sombres, les cinq membres de Ghinzu en ont fait preuve pendant l’heure et demie de live qui a suivi. Chaque interprétation a sonné comme une pièce originale. Ce soir-là, la Belgique avait décidé de ne pas faire de quartier. Première salve avec Dream Maker et les riffs affûtés de Jean Montevideo. Puis Cold Love, et le public reprend le refrain : « All is in your eyes ! ». Sur scène, les musiciens sont à l’aise, plaisantent et jouent avec le public : « Est-ce qu’il y a des Belges dans la salle ? ». Take it Easy, Dragon, The Dragster Wave, 21st Century Cronners, Do you Read Me, etc. Tous les tubes sont passés en revue.



Dans une atmosphère « garage », l’exécution frôle la perfection malgré quelques problèmes au niveau de la sonorisation. Certaines rythmiques, en provenance directe des seventies, rythment une douce alternance entre les ambiances intimistes et les coups de baguettes ravageurs de Tony Babyface Poltergeist. Le public donne de la voix. John Stargasm a revêtu l’étendard belge. Il dédie aux « vieux » Twist and Shout des Isley Brothers, improvise un slam sur The End of the World, et termine perché sur le clavier au moment de Kill the Surfers. Cordes vocales, manches de guitares et fûts de batterie sont mis à rude épreuve. Peut-être le titre le plus impressionnant du concert.



Ceux qui auraient imaginé que Ghinzu reviendrait calmé après une pause de quelques minutes ont fait erreur. Voix cassées, break de batterie, solos : quand le show reprend, le Zénith a chaud, très chaud. Second rappel, plus tranquille, avec High Voltage Queen et Blow. Et fin du live. En dernier, John Stargasm quitte la scène sous les applaudisements. « Merci, vraiment », lâche-t-il aux spectateurs qui restent là, les yeux grands ouverts, comme touchés par une entité venue d’ailleurs. La lumière revient. Les oreilles bourdonnantes, ils quittent la salle, certainement avec le sentiment d’avoir assisté à une prestation remarquable. En témoignent ces mains brûlantes d’avoir trop applaudi.

Lilian Maurin


Crédits photos : ©Rod - Le HibOO


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03/11/2009

The Jim Jones Revue, Paris, Le Trabendo, 28 octobre 2009



Une leçon de twist sur un brasier


A l’aube de leur immense tournée à travers l’Europe, Jim Jones et son gang viennent dynamiter le Trabendo. Un concentré parfait de rock’n’roll à la sauce british, mélange d’excessivité punk et de guitares surpuissantes. Récit d’un concert abrasif.


Juste avant de monter sur scène, la bande de Jim Jones diffuse une version de Rumble, le seul instrumental de l’histoire de la musique à avoir été censuré car jugé trop lascif. Le ton est donné.



A peine débarqués, les membres du groupe de rock le plus frénétique du moment démontrent qu’ils ne sont pas venus à Paris faire du tourisme. Le set démarre sur leur morceau phare, Rock’n’Roll Psychosis, véritable roquette tirée sur le public. Elliot Mortimer, le pianiste qui ne s’assoit jamais, martèle tellement son instrument qu’il fait passer Jerry Lee Lewis pour un vendeur de barbe à papa. Jim Jones, en parfait frontman, magnétise l’attention avec son attitude de forcené sans camisole. Le groupe impose le respect : leurs costumes rouges, noirs et blancs s’agitent à toute vitesse, le son est saturé, véhément, volcanique. Il est clair qu’il vaut mieux les avoir de son côté dans une bagarre. Un imprudent grimpe sur scène pour faire le malin, il est violemment dégagé d’un coup d’épaule par Rupert Orton, le guitariste soliste. A la fin du morceau, Jim prévient : « Si vous montez sur scène, repartez vite, sinon c’est nous qui vous ferons partir ! » crache-t-il dans son micro.



Mais la musique de The Jim Jones Revue n’est pas uniquement une salve foudroyante, elle est aussi extrêmement dansante, et cela se voit : toute la fosse se déhanche sur ce swing fiévreux et irrésistible. Lorsque le groupe envoie The Princess and The Frog, le public entame un twist aussi rapide que remuant. Certains tombent, d’autres tentent en vain de s’agripper au chanteur qui s’égosille, trempé de sueur. Dans une récente interview, le groupe avouait rechercher constamment ce va-et-vient charnel, « C’est la musique de la baise » avait expliqué le guitariste avec un sourire…




Le vrai Jim Jones était un pasteur, son homonyme déchaîné en costume trois pièces est davantage un serviteur de Satan, tant son show offre tout ce qu’il y a de plus démoniaque. Sur Elemental, qui s’apparente en termes de violence sonore à une balle dans la tête, il oblige le public à répéter les paroles, hurle, frappe le sol avec son pied de micro pendant que le reste du groupe se consume dans un rock'n’roll carabiné. A coup sûr, le diable possède les morceaux de The Jim Jones Revue sur son Ipod.
Le dernier album de ces cinq Anglais s’appelle « Here To Save Your Soul ». A la sortie du Trabendo ce soir là, on est pourtant persuadé du contraire.

Alexis Reynaud


Crédits photos : ©Dena Flows


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Magnetix + Jack Of Heart + Left Lane Cruiser, Paris, La Boule Noire, 30 octobre 2009




Mort clinique à la Boule Noire


Planquée à côté de la Cigale, là-bas dans le XVIIIème, la Boule Noire fêtait dignement cette fin de semaine avec une soirée organisée par le label et disquaire Born Bad. De quoi glaner ce que Paris compte de rockeurs purs et durs, mais aussi des jeunes filles en boots à l’hystérie sautillante.



Par ordre de passage, les Américains de Left Lane Cruiser sont la première partie désignée. Duo guitare-batterie qui n’est pas sans évoquer les Black Keys. Assis, à la guitare, Freddy « barbe rousse » Evans distille les plans blues comme du tord-boyaux des familles, le bottleneck vissé au petit doigt, et chante avec des lames de rasoir en travers de la gorge, à en perdre haleine. A côté de lui Brenn Beck l’imposant batteur martèle ses fûts et tâte ponctuellement de la washboard, accentuant le côté traditionnel de leur blues passé à la moulinette. Les chansons parlent de pork and beans et de skinny woman, en passant par une reprise râpeuse du Black Betty de Lead Belly, faisant passer celle de Ram Jam pour sophistiquée.



La suite tient de l’hallucination avec Jack Of Heart. Soit une espèce d'équivalent français putassier des Black Lips, en goguette et en expédition au Queen. Déboule en effet sur scène une bande d’allumés, bières sous le bras et guitares à la main, qui entame une chaotique et approximative balance face à quelques regards dubitatifs. Outre le batteur et ses leggings fuchsia, le moustachu chanteur a une improbable dégaine de Thomas Magnum sous substances qui aurait piqué les fringues de sa grand-mère : collants blanc et résilles sous le seyant petit short de jeans, colliers en cascade sur justaucorps de dentelle… Le teint est livide, l’œil brillant. D’autres lui trouvent une troublante ressemblance avec Patrick Dewaere, dont il partage visiblement l’insolence et un rapport distancié avec son corps comme avec l’environnement qui l’entoure. Celui-ci semble bien parti pour s’engager dans un bras de fer avec l’ingénieur du son qui demande vainement de baisser les guitares (« Elles arrachent la gueule ? c'est cool »). La « performance » du groupe se poursuit dans un foutoir intégral, façon punk psychédélique. Ces quatre énergumènes s’épanouissent dans le bordel, travaillent le désordre, et le font foutrement bien.



Retour à la formule duo et à une scène plus maîtrisée, encore que… Les Bordelais de Magnetix donne dans le rock’n’roll assassin qui bastonne, l’immense Looch Vibrato à la guitare fuzz, et la mystérieuse Aggy Sonora derrière une batterie que d’aucun qualifierait de minimaliste. La décharge d’énergie et la violence du groupe mettent le parterre de spectateurs en branle et en transe. La salle sent la sueur et l’alcool. Sans répit le groupe enchaîne ses titres dans une complète urgence, piochant largement dans le dernier album « Positively Negative », y compris les titres en français Trop Tard et Mort Clinique, que Looch Vibrato crache à gorge déployée, comme un dément. Celui-ci s’escrime à larder sa guitare de fuzz et d’un trémolo en dents de scie sauteuse tandis que la batterie pulse avec une puissance phénoménale. Pour Living In A Box, le chanteur s’empare d’une vieille guitare demi-caisse défoncée qui va souffrir le martyr et finir suspendue à un spot pour lui servir de punching ball. De quoi mettre tout le monde KO.

Flavien Giraud - Rock Lives


Setlist de Left Lane Cruiser servie sur un plateau par Céline M. :
Rollin' and tumblin' [Muddy Waters] / Wash It / Justify / Pork n' Beans / Set Me Down / Hard Luck / Skinny Woman [R.L. Burside] / Ol' Fashioned / Black Betty [Lead Belly] / Black Lung / Wild About You Baby [Hound Dog Taylor] / Hillgrass Bluebilly



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01/11/2009

Left Lane Cruiser - « All You Can Eat !! » - Alive Records



Blues punk à volonté !!


« All You Can Eat !! », sorti en septembre dernier, est le deuxième album du duo Left Lane Cruiser chez Alive Records. Avec un titre dans la suite logique de « Bring Yo' Ass To The Table » (2008), ce nouvel album libère dix titres au blues punk plus sale et sauvage que jamais.


Le duo Freddy J. Evans IV (dit Joe) et Brenn Beck (dit Sausage Paw, rapport à ses mains de bûcheron), originaire de Fort Wayne dans l'Indiana, n'est pas né de la dernière pluie. Leur collaboration guitare / batterie a vu le jour en 2004, quand d'autres duos blues rock s'imposaient sur le devant de la scène. Après un premier album sorti chez le label indépendant Hillgrass Bluebilly – auquel ils rendent d'ailleurs hommage dans l'album – Left Lane Cruiser a signé chez Alive Records, où les Black Keys ont débuté. Et pour ce second album enregistré aux studios Ghettos Recorders de Detroit, ils ont collaboré avec le producteur Jim Diamond, qui avait lui-même suivi de près les deux premiers albums des... White Stripes.


Freddy J. Evans

Loin de s'inspirer de ces derniers, les racines du groupe plongent profondément dans le blues du Mississipi (Muddy Waters, Howlin' Wolf) pour en tirer un blues punk débridé. Avec Crackalacka, « All You Can Eat !! » part fort et à toute vitesse. D'emblée, la guitare slide effrenée et parfaitement maîtrisée de Freddy J. Evans électrise l'album et chaque démonstration de son talent au fil des morceaux est une nouvelle montée en puissance. De son côté, Brenn Beck dompte une batterie furieuse qui assène ses rythmes et insuffle une énergie renversante à l'ensemble. Black Lung , Hard Luck, et Waynedale, particulièrement hard, dynamitent l'album par leurs riffs rageurs, la voix enragée de Freddy et l'intensité des coups portés par Brenn. Cette voix qu'on pourrait croire façonnée au whisky comme celle d'un John Wesley Myers est en fait encrassée rudement par le micro utilisé en enregistrement. Mais la comparaison avec les Black Diamond Heavies est de mise puisque les deux duos, signés sur le même label, sont très proches et tournent souvent ensemble.


Brenn Beck, la washboard autour du cou

Si talentueux qu'ils soient Left Lane Cruiser ne se prennent pas au sérieux, comme en dénotent certains titres de l'album Poopdeflex, ou Putain, petit clin d'œil au vocabulaire appris lors de leur dernière tournée en France. Dans Broke Ass Blues encore, ils jouent les bluesmen fauchés. Enfin, ils s'offrent un morceau à l'ancienne, Ol' Fashioned, ambiance Grande Dépression, où Brenn se charge, comme dans Wash It du premier album, de la planche à laver, dans la plus grande tradition du blues de la Nouvelle-Orléans.

Céline M.


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