This page has moved to a new address.

Joe Gideon & The Shark - « Harum Scarum » - Bronzerat

Rock Times: Joe Gideon & The Shark - « Harum Scarum » - Bronzerat

29/04/2009

Joe Gideon & The Shark - « Harum Scarum » - Bronzerat




Gideon trouve-tout et le Requin marteau


Les joyaux de l’Angleterre sont underground ! Et « Harum Scarum » est le premier album du mystérieux duo Joe Gideon And The Shark, dont les quelques titres livrés sur Myspace et les prestations scéniques électriques avaient marqué les esprits. Un disque manquait, et celui-ci dépasse de loin les attentes.

Limite déglingués. Cet album est une révélation, preuve par neuf du talent de ces deux énergumènes qui fricotent régulièrement avec le trio blues psychédélique d’Archie Bronson Outfit et la crème française de Londres – le jeune duo John & Jehn et les noisy Underground Railroad, pour qui ils ouvraient en janvier dernier à La Maroquinerie. Mais qui s’étonnera de les voir s’acoquiner avec pareils fripons ? Les points communs ne manquent pas, à commencer par un indéniable grain de folie qui les rend à la fois si surprenants et si attachants. Joe Gideon n’est pas le pathétique poulet dont il prend l’apparence dans le clip de DOL. Non, avec ses talents de conteur-prêcheur, celui-ci évoque tantôt Lou Reed, tantôt Nick Cave, qu’ils accompagnaient récemment en tournée, et parfois Eddie Argos d’Art Brut. Humour à froid plutôt qu’exubérance. Avec ses textes vaguement déjantés, le barbu semble être un personnage avec lequel même le thé se prend au second degré. C’est lui qui fait vibrer les cordes de guitare et de basse. The Shark, sa frangine (Viva pour les intimes), avec son minois malicieux, a l’air un peu trop sage pour ne pas être une vraie délurée. Ancienne gymnaste, elle charme par son jeu de batterie, façon marsupial sorti d’un cartoon. En plus des percussions martiales post Meg White, elle se charge aussi des pianos martelés, samples et autres backing vocals.

Blues barré. L’album, comme eux, est foutraque et magnifique. Addictif. Du blues barré mais pas seulement : des mélodies magiques aussi, histoire de ne pas perdre l’auditeur, et même le rattraper, quitte à le prendre aux tripes comme avec le morceau de bravoure Anything You Love That Much, You Will See Again, ou la douce respiration de Pale Blue Dot : piano, guitare, violon envoûtant et dépouillement mélancolique. Neuf chansons, pas une à jeter, chacune méritant d’être arpentée, explorée (Anything You Love That Much,…), chevauchée, sillonnée (True Nature), scandée (DOL : « Daughter Of A Loony… Gotta Hit The Road »).
Et si le disque semble fait avec les moyens du bord, il n’en est pas moins finement ciselé par un duo qui sait où il va. Tout est là, du riff fuzz gras façon blues minimaliste (Johan Was A Painter & Arsonist), au solo de guitare beuglant comme une cornemuse sur Harum Scarum ; du roman d’apprentissage abscons (Civilisation : « My father told me that the world was flat / And I was happy in my sweet pancake world… »), au personnage sorti d’on ne sait où (miss Kathy Ray), en passant par les réminiscences impitoyables de l’enfance (Hide & Seek). Il y a là des fêlures authentiques, regardées droit dans les yeux, sans cynisme, mais avec un détachement éminemment britannique…

Sorti du coffre d’une Saab (pochette très DIY) comme de nulle part, ce premier album est un disque brillant et sombre à la fois, drôle et triste, plein de force mais jamais pesant. Et peut-être bien un des disques de l’année…

Flavien Giraud


Libellés : ,

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil