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Elliott BROOD - « Mountain Meadows » - Six Shooter Records

Rock Times: Elliott BROOD - « Mountain Meadows » - Six Shooter Records

27/05/2009

Elliott BROOD - « Mountain Meadows » - Six Shooter Records



Montagnes sauvages et grands espaces


Venu du Canada, le trio Elliott BROOD est un ovni. Les instruments qu’on y entend sont pourtant clairement identifiés : guitares folk, banjo, harmonica, ukulélé, piano bastringue… On pourrait nager en plein délire country, avec de la Bud renversée sur des Santiags imbibées de sueur en prime, mais non. C’est tout sauf ça. « Mountain Meadows » est un régal.


Vieilles casseroles et désespoir. Alors bien sûr, on met indéniablement les deux pieds dans l’Amérique du nord. C’est une musique du continent. Et oui, le son est « vintage » : c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures tambouilles… Mais s’il y a un parfum d’authentique, jamais cela ne sonne daté. Non, ce disque donne en fait un sentiment de modernité. Les trois Canadiens se contentent simplement de faire leur musique avec les instruments qui sont les leurs, et qui, certes, ont fait les grandes heures de l’Amérique d’avant le rock’n’roll, mais le rock’n’roll, justement, est passé par là. Les sixties, les seventies, le punk, le grunge aussi, et puis le temps. Si bien que le groupe s’inscrit dans son époque et dans une certaine tradition à la fois. Peut-être pourrait-on le rapprocher d’une formation comme Sixteen Horsepower, puisqu’il semble qu’il faille toujours classer les choses. Sinon ça fait désordre. Mais du grabuge, ils en ont sous la semelle. D’entrée, avec Fingers And Tongues, c’est l’énergie qui frappe. Et la voix. Celle de Mark Sasso, dans laquelle on retrouve un grain et des intonations qu’on n’avait plus entendus depuis Dylan, Springsteen et Cobain. T-Bill et Write It All Down For You, qui complètent la première partie de l’album, achèvent de convaincre. Le médiator fait du rentre-dedans et se jette dans les cordes d’une guitare western sans complexe pour un dynamitage qui ne manque pas de punch.

Toronto, ou tard. La source ne se tarit jamais par la suite. Without Again, 31 Years, Chuckwagon, The Body ont des reflets de pépites. Ce vent de fraîcheur réchaufferait n’importe quel rude hiver canadien. Mark Sasso et Casey Laforet, aux différents instruments à cordes, et Stephen Pitkin aux percussions, déjà auteurs d’un EP et de l’album « Ambassador », affichent nonchalamment un sens du chic, en fausse décontraction, tout occupés qu’ils sont à créer une musique qui n’a pas besoin d’artifices pour séduire. Car tout dans ce disque est affaire d’énergie, d’audace thermodynamique, d’un savant dosage d’électricité boisée : on redécouvre la puissance hargneuse des instruments acoustiques, le potentiel rock d’harmonies pop, l’excitante couleur sépia du banjo… Et puis on se rappelle soudain que depuis quarante ans, un autre Canadien au magnétisme sans égal, attire dans son champ de gravitation autant d’intensité acoustique organique que de frictions électriques. Et si les trois artisans d’Elliott BROOD étaient, l’air de rien, les héritiers cachés de leur ainé Neil Young ?

Flavien Giraud


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