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Dan Auerbach - « Keep It Hid » - V2/Cooperative Music

Rock Times: Dan Auerbach - « Keep It Hid » - V2/Cooperative Music

15/06/2009

Dan Auerbach - « Keep It Hid » - V2/Cooperative Music




Chansons cachées


Dan Auerbach, ou la moitié des Black Keys en solo. Si le duo s’applique depuis le début des années 2000 à mitonner un blues organiques et crasseux, seul, le prolifique guitariste s’affranchit de toute contrainte. Résultat ? Un « Keep It Hid » aventureux mais sûr de ses bases ; l'étincelle, l'art et la manière intacts.

Voilà huit ans que le duo Auerbach-Carney distille au nom des Black Keys un fuzz-blues volcanique, sombre et râpeux. Dans l’ombre, les Black Keys ont enchaîné les albums à base de riffs jubilatoires et bouillonnants, jusqu’à l’excellent « Attack & Release », ouvert sur un son moins brut, plus riche et plus produit. Les valises encore pleines de chansons et le disque à peine sorti, Auerbach est rentré à la maison et a creusé ce sillon, orchestrant ses compositions avec quelques invités de son entourage, parmi lesquels son oncle, James Quine, ou la jeune Jessica Lea Mayfield - dont il a également produit le premier album. Percussions, claviers, guitare acoustique, tambourin, tout devient possible. Car si les Black Keys ont assis sa réputation d’héritier du blues, ce « Keep It Hid » montre le guitariste en héritier de l’Amérique au sens large : rock, garage, soul, folk, psychédélique…

Héritage d’or. Au détour d’un morceau, on pense aux Stooges (Street Walkin’), à Screamin’ Jay Hawkins (Mean Monsoon), à Ben E. King (When The Night Comes)… Et l’outro de Whispered Words a quelque chose du Wild Things des Troggs. Rien de déroutant pour autant, on reconnaît la patte du guitariste. La guitare est vivante : là, claire et apaisée, ailleurs, fuzz et mordante. Dan Auerbach est un artisan, qui travaille dur, tout le temps et avec amour. Et le résultat est là : on retrouve le son intemporel de l’âge d’or analogique. Dan habite un studio qui n’abrite que des machines antédiluviennes, qui respirent le souffle des lampes à tous les étages ; à des lieues du son numérique froidement traité par les ordinateurs d’aujourd’hui. Echo caverneux et slapback twangy sur When I Left The Room, tremolo haché menu sur Heartbroken In Disrepair. Dans sa voix comme dans ses compositions, Auerbach maîtrise son sujet pour mieux façonner les émotions, mélancolie autant que fièvre bourdonnante...

Bien entendu, il est question de ces dames, et les histoires de désespoir, de cœurs brisés et de larmes par litres reviennent à un moment ou à un autre. A l’aise dans les atmosphères électriques, comme sur Mean Monsoon, chargée de tension, ou dans le lancinant, sale et sexy I Want Some More, où la guitare vrombit, assise sur une pulsation rythmique énorme soutenue par un orgue sixties ; le chanteur se montre tout aussi pertinent dans les registres plus posés. Comme sur le très folk et dépouillé Trouble Weighs A Ton qui ouvre le disque, ou la poignante et intime ballade When The Night Comes. « You’re only dreaming », dit-il… Mais au creux de l’oreille, les sensations sont biens réelles. Après Goin’ Home qui clos l’affaire dans l’apaisement et la quiétude, demeure cette certitude : Auerbach est au faîte de son art, et sa musique intense et vraie.

Flavien Giraud


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