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Seasick Steve : Itinéraire houleux d'un bluesman

Rock Times: Seasick Steve : Itinéraire houleux d'un bluesman

10/06/2009

Seasick Steve : Itinéraire houleux d'un bluesman



"The Three-String Trance Wonder"
(La Maroquinerie, 25/02/09)

« My name is Steve and i'm your walking man »


A soixante ans passés, Seasick Steve a fait une arrivée tardive sur le devant de la scène. S'il a été vagabond une partie de sa vie, le bluesman originaire d'Oakland, Californie, n'a pas été sorti de sous un pont. Musicien de la première heure, il a simplement pris le temps d'enregistrer d'autres groupes avant de songer en 2004 à un premier album « Cheap » - suivi de deux autres en 2006 et 2008. Dès lors, concerts et tournées dans les festivals se sont succédés et ont mis au jour le talent brut et authentique du vieux barbu tatoué.


Like a hobo. La vie de Steven Gene Wold est à l'image des récits de ses chansons : riche en aventures, en anecdotes et en rebondissements. Steve a grandi entouré de bluesmen : son père, un pianiste boogie, l'a confié très tôt aux soins de K.C. Douglas qui lui a enseigné les rudiments de la guitare et lui a raconté des histoires – celles que les bluesmen se transmettent. Quand il se retrouve sur les routes à quatorze ans, réduit à une vie de hobo, il a le blues dans les veines. Il se déplace dans les trains de fret, vit de petits boulots dans les fermes, agrémentés de séjours en taule. Le tout avec une guitare, toujours, pour gagner sa croûte dans les moments les plus difficiles ou simplement jouer autour d'un feu. Ses années passées dans le sud des États-Unis, à Memphis, Tennessee, et dans le Mississippi n'ont fait que confirmer son attachement à ses racines blues.
Débarqué à San Francisco dans les 60s, et plus particulièrement dans le quartier de Haight Ashbury, Steve a joui de la grande vague hippie et a été témoin de l'âge d'or du rock'n'roll. Pourtant, il est resté attaché à ses origines musicales. Ce qu'il a appris dans sa jeunesse, c'est à raconter des histoires. Dans la grande tradition du blues, les bonnes histoires font les meilleures chansons, la musique est secondaire... Steve ne démordra jamais de cette croyance, et longtemps son style ne sera pas reconnu. Cette époque n'était pas la sienne. En 1972, la guitare sous le bras, il s'est donc exilé à Paris, où il a passé quelques temps à jouer dans les cafés, la rue et le métro, poursuivant son existence de vagabond.


"The Cigar Box Guitar"
(La Maroquinerie, 25/02/09)


Blues revival. Du temps s'est écoulé. Marié, Steve a regagné les États-Unis, avec le projet de travailler dans un studio d'enregistrement. Il a en effet appris le métier d'ingé-son sur le tas à la fin des années 60. Dans le Tennessee dans un premier temps, il choisit de s'installer près de Seattle, à Olympia, au début des années 90. Dans la ville berceau de Nirvana, c'est alors l'émergence du grunge. Steve monte son propre studio, Moon Studios, à l'arrière d'un magasin de musique – avec un temps pour voisin du dessus, un dénommé... Kurt Cobain – et commence à enregistrer les jeunes groupes du coin. 80 disques au total. C'est ainsi qu'il collabore avec Murder City Devils et autres Bikini Kill... et, en 1996, enregistre et produit le premier album de Modest Mouse « This Is A Long Drive For Someone With Nothing To Think About ».
Lors de concerts avec le bluesman R.L. Burnside, Steve prend conscience que son boogie blues et sa technique de slide peuvent plaire, (R.L. Burnside a entre autres enregistré l'album « A Ass Pocket Of Whisky », en 1996, avec l'aide du Jon Spencer Blues Explosion). Mais c'est surtout l'intérêt initial du label Fat Possum Records pour les bluesmen du nord du Mississippi qui le convainc pour de bon de se remettre à jouer.

"The Cigar Box Guitar" & "The Mississippi Drum Machine"
(La Maroquinerie, 25/02/09)


En 2001, Steve quitte les États-Unis pour la Norvège (le pays d'origine de sa femme) et emmène avec lui famille et studio. Sur place, il continue d'enregistrer, et crée son label : There's A Dead Skunk Records. Mais quand il se décide enfin à enregistrer son premier album « Cheap », en 2004, avec le groupe suédois The Level Devils, il essuie de lourds revers de fortune : la faillite de son label et une attaque cardiaque... Malgré tout, il se remet à la tâche deux ans plus tard, seul cette fois, dans sa cuisine, sur un enregistreur 4-pistes. Le résultat attire l'attention du label indépendant britannique Bronzerat qui produira son deuxième album, « Dog House Music ». C'est le début de la notoriété : on l'invite à jouer dans des festivals, et à faire les premières parties de gros groupes. Il rencontre notamment Nick Cave de cette façon et celui-ci, avec son groupe Grinderman, participe à l'enregistrement du troisième album de Steve au titre éloquent : « I Started Out With Nothin' And I Still Got Most Of It Left » (2008). Sur cet album, enregistré avec le batteur Dan Magnusson – un ancien membre de The Level Devils, qui l'accompagne aussi en tournée – il utilise les guitares de bric et de broc et aux noms invraisemblables qu'il fait défiler lors de ses concerts, (voir photos), et qui rendent son personnage encore plus rocambolesque et attachant. Car sur scène Seasick Steve communique son plaisir d'être apprécié à sa juste valeur et à 68 ans il partage ses histoires et son boogie avec une incroyable énergie et une superbe bonhomie.

Céline M.


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