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John & Jehn : Interview

Rock Times: John & Jehn : Interview

30/06/2009

John & Jehn : Interview




Rock'n'roll en noir et blanc


Ils sont affables, gais et souriants, se coupent, se complètent, lorsqu’ils ne parlent pas tout simplement d’une seule voix ; les jeunes John et Jehn, couple français le plus sexy de Londres, racontent leur parcours, leur musique, leurs projets…


Quand et comment avez-vous décidé de quitter votre Poitou d’origine pour Londres ?
Jehn : Sur un coup de tête, plus ou moins. On était très satisfaits de l’expérience de nos premiers enregistrements ensemble, et puis celle qui est devenue notre manageuse et que je connais depuis longtemps, vit à Londres et nous a accueillis chez elle. Il n’y avait rien de prévu, c’était une opportunité qu’il fallait saisir.

Votre deuxième album est en route, à quel stade de la composition en êtes-vous ?
John : On doit en être à six titres. Ça va être différent du premier : quelque chose de plus groovy, de plus arrangé… On se fait plaisir, on s’est dit de manière logique : « il faut qu’on évolue, qu’on améliore notre son, qu’on améliore nos chansons, qu’on améliore nos textes, qu’on améliore tout » ! On va enregistrer cet été dans une ferme à côté d’Angoulême. On se pose avec notre matos, et on enregistre tout nous-mêmes, dans un endroit calme, dans les mêmes conditions que le premier, c'est-à-dire en home studio : on ne change pas notre manière de travailler, on est toujours tous les deux, avec notre ingénieur du son, on ne fait pas appel à un producteur…

Est-ce que le rock’n’roll vous ronge ? Les clips et les photos de vous sont de plus en plus sombres, de plus en plus durs…
Jehn : Ce n’est pas vraiment voulu.
John : Ce n’est pas une esthétique rock’n’roll qu’on a cherché dans tout ça au final. Et le rock’n’roll, c’est plus une célébration de la vie qu’une célébration de la mort… Sur scène, on n’est pas particulièrement glauques, on parle aux gens, on ne se donne pas une image « gothique »… Le noir et blanc, le contraste, ça a été une manière simple de travailler, aller tout de suite à l’essentiel. C’est une manière de raconter des histoires, qui sont souvent très manichéennes : il y a la mort, la vie, c’est toujours très simple…
Jehn : C’est un peu comme Joy Division : c’est quelque chose sur lequel on s’est retrouvés, à notre rencontre, mais nous on dansait dessus ! Ce qui nous plait c’est de pouvoir danser sur un texte sombre. Parce que c’est bien qu’il y ait des ambigüités et des choses très différentes comme ça qui s’entrechoquent.

C’est presque devenu une sorte de marque de fabrique, le noir et blanc, les deux faces du disque… et ça donne en même temps un côté très cohérent…
Jehn : Mais c’était complètement inconscient en fait.
John : Je crois qu’on est assez obsédés par les contrastes en général. On aime bien jouer sur deux aspects des choses, le bien/le mal, le moins/le plus, le blanc/le noir, et tout ce qu’il y a au milieu, c’est la musique, les textes…




Comment gérez-vous la mise en scène de votre couple ? N’avez-vous pas eu peur de perdre le contrôle ?
John : Non, ça a été totalement sans complexe, on n’a pas du tout pensé que ça pouvait nous nuire en tant que couple, c’était quelque chose qu’on avait là, qui était d’une évidence folle. Et ça a permis de faire une identification assez forte du groupe dès le début.
Jehn : C’est universel le couple, quelque chose auquel les gens peuvent se rattacher facilement. Mais ce n’est pas qu’une image, on ne l’invente pas, c’est quelque chose de vrai.
John : Oui, il y a les textes qui font référence à ça : 20L07, Oh My Love… Mais c’est juste une manière fun d’aborder les choses. Notre vie privée reste privée, mais on aime bien mettre en scène une partie de tout ça, s’amuser avec…

Vous avez composé une bande originale pour un vieux film muet…
Jehn : Oui, en fait c’était une performance pour le festival C’est Dans La Vallée qui est programmé par Rodolphe Burger et une super nana qui s’appelle Valérie, qui organise des ciné-concerts depuis sept ans. Ils ont pensé à nous pour faire la musique d’un vieux film muet avec Louise Brooks, « Le Journal d’une Fille Perdue », un vieux film de Pabst. On est content de l’avoir enfin joué. C’est une heure quarante-cinq de musique, et ça nous a pris un temps monstrueux à créer et à répéter. Il y a du piano, c’est beaucoup plus acoustique que ce qu’on fait en live d’habitude. Et on a fait une belle découverte avec Louise Brooks, on est vraiment tombés amoureux de cette actrice, de son parcours…




Ça évoque un peu ce que faisait le Velvet Underground avec Andy Warhol à la Factory, des performances live avec des projections, etc.
John : On n’y a pas pensé. En ce qui nous concerne, c’était très réglé, on n’a fait que jouer sur le film, il n’y avait pas de concept…
Jehn : On n’a pas cherché à faire quelque chose d’expérimental ou d’incompréhensible, au contraire, on a voulu être très premier degré. On voulait vraiment coller au film, aux émotions du personnage. C’est très adolescent, avec des sentiments premiers…

Comment avez-vous rencontré les groupes de la scène underground londonienne comme Joe Gideon & The Shark ?
Jehn : On les a rencontrés à Londres, complètement par hasard, dans un bar où ils jouaient. On a adoré et on a été leur dire après le concert. Après ça a été une grande histoire, on a fait pas mal de dates ensemble, on se respecte beaucoup mutuellement, musicalement et humainement. On est devenus très proches, mais ça s’est fait par la musique, c’est ça qui est bon dans ces histoires-là. Idem avec Archie Bronson Outfit, ça s’est fait par la musique…

John, comment t’es tu retrouvé à suivre Nick Cave en tournée ?
John : Par la connexion avec Joe Gideon & The Shark justement. Ils faisaient la première partie et Viva, la batteuse, m’a demandé d’être son roadie personnel (rire), parce qu’elle a un tel merdier sur scène ! C’était génial, j’ai vu ce qui est pour moi le meilleur groupe vivant au monde : les Bad Seeds sont absolument incroyables, je n’ai jamais rien vu de mieux je crois.

Parlons de vos inspirations… vous parliez de Joy Division tout à l’heure…
John : Joy Division a peut-être été un point de départ, un point d’accroche entre nous, et mon précédent groupe était très axé là-dessus, mais quand j’ai rencontré Jehn, on s’en est éloigné… C’est une inspiration parmi tant d’autres. On adore Lee Hazlewood et Nancy Sinatra, par exemple. On écoute beaucoup de choses différentes, ça va des années 80, des trucs les plus cheesy aux trucs bien underground. On a aussi beaucoup appris de British Sea Power avec qui on a tourné. Pour notre prochain album, on se dirige vers des choses qui donnent envie de danser aux gens, de participer, de taper dans les mains… Pas du festif, loin de là, mais faire s’ouvrir les gens, ce serait pas mal…


Propos recueillis par Flavien Giraud

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