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The Warlocks - « The Mirror Explodes » - Tee Pee Records

Rock Times: The Warlocks - « The Mirror Explodes » - Tee Pee Records

23/06/2009

The Warlocks - « The Mirror Explodes » - Tee Pee Records




Le miroir du mal


Une cuite monumentale. Bienvenue en enfer, bienvenue dans les abysses. Bienvenue dans un monde de distorsion, de désolation et de désespoir. Bobby Hecksher, l’âme, le cœur palpitant et atrophié des Warlocks, a ouvert la boîte de Pandore dont suinte une semence aux reflets de pétrole. Le résultat, « The Mirror Explodes », est une chimère, musique de la tourmente, oppressante et hagarde.

Red Camera, le premier titre, renvoie immédiatement à l’univers vénéneux des Warlocks : introduction de guitare obstinée à marquer tous les temps puis fleurissement noir de larsens et de saturation avant que basse et batterie ne se mettent à leur tour à l’heurter d’un martèlement de fer. Quelque part, perdue, la voix d’Hecksher tend de plus en plus vers la psalmodie de gourou psychiatrique en pleine odyssée bad trip barbiturique. Noirceur totale. Puis The Midnight Sun renoue avec les lumières de la nuit, vacillantes, floues, planant au-dessus d’un désespoir compagnon d’infortune.

Descente aux enfers. Comme il semble loin le temps des premiers ébats de ces sorciers de l’ombre. Les Warlocks n’ont jamais fait dans le guilleret, mais les déjà hallucinés « Rise And Fall », « Phoenix » et autre « Surgery » semblent presque légers à l’aune de leurs deux dernières œuvres. Car « The Mirror Explodes » continue l’exploration du gouffre ouvert par le précédent, « Heavy Deavy Skull Lover ». Si ce dernier était un diamant noir, ici ne restent que les cendres. Carbonisées.

Bande-son de cauchemars, violence apathique, errance urbaine, guitares lâchées sans bride rognant les amplis de feedback, et soudain, petit miracle, une mélodie céleste en suspens, remontée en surface, à bout de souffle (There Is A Formula To Your Despair, Static Eyes). On retrouve un peu de la lumière de So Paranoid et Dreamless Days qui rayonnait au milieu de « Heavy Deavy Skull Lover ». S’en suit une redescente en eaux troubles, menaçantes, suffocantes. Standing Between The Lovers Of Hell se diffuse lentement comme un poison, remontée acide qui oscille entre nausée d’angoisse et misanthropie paranoïaque. La suite est un mélange toxique de flottement vaporeux et de détresse sismique, et Frequency Meltdown bascule dans une de ces jams tourbillonnantes, répétitives et lysergiques dans lesquelles le groupe se jette à corps perdu.

« The Mirror Explodes » est un disque dangereux, malade, peut-être un reflet terrible de son époque… Une plongée dans un spleen insondable et Static Eyes en est la porte de sortie, mais ne débouche sur aucune promesse. On ne revient pas indemne d’expériences radicales. La douleur bourdonnante a seulement laissé place à un sifflement résigné ; et peut-être un rictus, car le miroir est brisé. Il n’y a plus rien à voir de toute façon.


Flavien Giraud


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1 commentaires:

Blogger Matador a dit...

C'est une bonne chronique, qui restitue l'ambiance. Je viens d'écrire un billet sur ce disque. Personnellement, standing between the lovers of hell m'a fait apprécier les Warlocks sous un jour nouveau.

9 novembre 2009 à 17:46  

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