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Rock Times

Rock Times: juillet 2009

22/07/2009

Modeste EP pour Modest Mouse


A paraître :



Voilà trois mois maintenant que Modest Mouse prépare ses fans à la sortie américaine, le 4 août, de « No One's First And You're Next » leur nouvel EP. Les 26 mai, 23 juin et 21 juillet, le groupe indie rock d'Isaac Brock, formé en 1993 à Issaquah, près de Seattle, a sorti trois vinyles – chacun en édition limitée à 4000 exemplaires – qui constituent les six premiers titres de l'EP. Ceux-ci s'écoutent sur Myspace, mais on retiendra surtout Guilty Cocker Spaniels, où comme à son habitude Brock aboie ses textes, et le quasi instrumental Whale Song.
Les deux titres supplémentaires sont quant à eux de nouveaux enregistrements d'anciens morceaux. I've Got It All (Most) est la face-B de Float On, le morceau qui a fait le succès du groupe en 2004, à l'époque de « Good News For People Who Love Bad News » ; et King Rat figurait sur un disque de promo pour « We Were Dead Before The Ship Even Sank » en 2007.
Modest Mouse, dont les deux premiers albums sont sortis chez Up Records, un label indépendant de Seattle, a signé depuis 2000 chez Epic Records (Sony). Comme les trois derniers albums du groupe,
« No One's First And You're Next » sortira donc chez Epic.

Céline M.








Tracklisting :


01 - Satellite Skin
02 - Guilty Cocker Spaniels
03 - Autumn Beds
04 - Whale Song
05 - Perpetual Motion Machine
06 - History Sticks To Your Feet
07 - King Rat
08 - I've Got It All (Most)

Site officiel du groupe
Modest Mouse on Myspace

Voir aussi le portrait de Steve Wold (SeaSick Steve), producteur du premier album de Modest Mouse en 1996.

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19/07/2009

The Dead Weather - « Horehound » - Third Man Record




La horde sauvage


Certains ont le talent pour nous faire chavirer. Quand Jack White prend les commandes d’un vaisseau pirate avec Alison Mosshart (The Kills) en second, Dean Fertita (Queens Of The Stone Age) à l’artillerie et le fidèle mousse Jack Lawrence (The Raconteurs) à la basse, on navigue bien sûr en eaux familières, tout en se frottant les mains à l’approche de la tempête. Tous sur le pont, bâtiment « Horehound », équipage The Dead Weather, pavillon Third Man Record.

L’album débarque donc précédé du buzz que la simple évocation de cette équipe de choc inspire. Il y a des personnes comme ça dont l’aura s’imprime jusque dans l’air qu’elles respirent. Car Alison Mosshart – la VV des Kills – est dans les parages et insuffle inévitablement cette dimension sexuelle et violente, rebelle et indomptable, quelque chose d’anarchiste… Et puis on reconnaîtra bien sûr la patte Jack White : si celui-ci se place pour l’occasion à la batterie, il n’est certainement pas étranger aux riffs de Hang You From The Heaven ou Treat Me Like Your Mother qui rappellent les derniers White Stripes. Ça turbine, ça tronçonne, c’est de la fraiseuse, de la perceuse à percussion ! Et qui s’étonnera de la puissance de I Cut Like A Buffalo alors qu’officie là une moitié des Raconteurs ? Mais The Dead Weather n’est pas qu’une réunion de talents.

Poudre à canon. 60 Feet Tall, avec son gimmick de guitare lointain, ouvre l’album dans un blues dénudé avant d’être soufflé par une rageuse explosion Zeppelinienne, portée par une batterie aux cymbales giflées jusqu’au KO et une grosse caisse qui manque d’arracher les baffles de la hi-fi. Brillante entrée en matière. Une grosse caisse qui pulse tout au long du disque, et qui groove méchamment avec la basse complice de Jack Lawrence sur I Cut Like A Buffalo, où Dean Fertita ajoute ce qu’il faut de tâches d’orgue. Enregistré vite et bien, cet album ne souffre d’aucune fioriture. On joue, sans se poser de question : le savoir faire est là de toute façon. Et la rencontre n’est pas que musicale. Ces gens ont des choses à se dire, avec l’excitation et la fraîcheur du jeune groupe qui se découvre et se surprend à voir combien l’alchimie prend. Comme des gamins (voir la vidéo « photomaton »)… Le son est énorme, brut, l’énergie live : quatre teignes qui se retrouvent en secret dans les locaux de Third Man Record. Soit l’antre de Jack White : studio analogique (ça s’entend, ça respire), pressage de vinyles, magasin de disque, le tout à échelle humaine, à Nashville, Tennessee. Simplicité salutaire, pas d’intermédiaire, urgence musicale et liberté totale.


Vent de liberté. Et de fait ils ne vont rien s’interdire, surtout pas de franchir le mur du son. Ou de montrer les dents et de se lâcher dans la démence. So Far From The Weapon est un blues psychédélique rampant, porté par la voix d’Alison, son gang en rang derrière, en écho. Equipée sauvage, brutale, sur Bone House, avec ses guitares torturées à la gégène ; basse patibulaire et guitare animale pour une jam caverneuse insensée sur 3 Birds. Will There Be Enough Water, fait office de dernière litanie après la bataille : piano western malade et guitare désertique sous une chape de plomb…

C’est l’histoire classique d’une bande de musiciens qui se retrouvent, à la faveur du calendrier, à la fin de leurs tournées, et en profitent pour jouer plutôt que de raccrocher les guitares. Sauf que ceux-là se sont transformés en bandits de grands chemins. La menace s’appelle The Dead Weather.

Flavien Giraud





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14/07/2009

Black Diamond Heavies, Paris, Le Point Ephémère, 23 juin 2009




Diamant brut


Pour la dernière date de leur tournée européenne, les Black Diamond Heavies étaient, mardi 23 juin, de passage à Paris. Fidèle à sa réputation scénique, le duo a su électrifier un Point Ephémère qui n’affichait pas complet. Récit...

A peine installés derrière leurs instruments, John Wesley Myers et Van Campbell donneront, dès les trois premières mesures de Make Some Time, une rare intensité qu’ils conserveront sans mal jusqu’à la toute dernière note du concert. Sans aucune concession, Van Campbell martèle ses fûts avec la ferveur d’un bûcheron canadien en plein labeur. De son côté, John Wesley Myers, lui, maltraite allègrement son Fender Rhodes, vieux de près de 30 ans. Déjà bruts et dépouillés de tout artifice, les deux albums des Black Diamond Heavies ne sont encore rien à côté de leur prestation live. Vénéneuses, électriques, malsaines et quasi chamaniques, les mélodies qui s’échappent du Rhodes ensorcellent un public tout acquis à leur cause.




Autant influencés par le blues que par le rock, les Black Diamond Heavies glisseront subtilement cinq reprises au cours de ce concert parisien et ce, dès le deuxième titre avec une interprétation du texte Hambone, héritage blues venu du Mississippi. Toujours dans l’esprit blues/rock qui les caractérise, les Black Diamond Heavies s’approprieront ensuite le classique de Nina Simone Oh, Sinnerman, puis le Nutbush City Limit de Tina Turner. Au chapitre des reprises, figureront également Guess You Gone And Fucked It All Up de Paul Wine Jones et, en tout dernier rappel, It’s A Long Way To The Top d’AC/DC. Cependant, ces nombreux clins d’œil aux musiciens qui les ont inspirés ne font pas des BDH un groupe de reprises. En seulement deux albums, les Américains ont su créer un style qui leur est propre. Devant un public de connaisseurs, les intros si caractéristiques de Loose Yourself, Bidin’ My Time ou encore Fever In My Blood font mouche. Torse nu et cambré derrière ses claviers, John Wesley Myers est parfois même atteint de convulsion tant la musique qui s’échappe de son Rhodes est hypnotisante. Sa voix, rauque, élevée au régime whisky / Marlboro, apportera la touche finale au portrait de ce charismatique chanteur. Si l’énergie déployée par John Wesley Myers n’échappe à personne, l’apparente nonchalance de Van Campbell dissimule pourtant un batteur hors pair avec phrases syncopées et frappe lourde en guise de signature. Dans la chaleur moite du Point Ephémère, le duo a une nouvelle fois prouvé son incontestable maîtrise de la scène. Les fans seront ravis... Un nouveau passage à Paris est prévu d’ici la fin de l’année.

Florian Garcia


Set list :

Make Some Time / Hambone [traditional / author unknown] / Numbers 22 [Balaam's Wild Ass] / Loose Yourself / Oh, Sinnerman [Nina Simone] / Bidin’ My Time / Fever In My Blood / White Bitch / Leave It In The Road / Nutbush City Limit [Tina Turner] / Guess You Gone & Fuck It All Up [Paul Wine Jones] // Rappels : Might Be Right / It’s A Long Way To The Top [AC/DC]




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12/07/2009

Black Diamond Heavies : Interview




Les flammes du Mississippi


Quatre mois seulement après leur passage à la Mécanique Ondulatoire, les Black Diamond Heavies, duo blues rock décapant du sud des Etats-Unis, étaient de retour à Paris, le 23 juin. Avant d'aller suer sang et eau sur la scène du Point Ephémère, John Wesley Myers et Van Campbell répondaient à nos questions.

Black Diamond Heavies est un duo plutôt récent, comment s’est-il formé ?
John Wesley Myers (chant, claviers) : Le guitariste Mark Holder et moi avions commencé à jouer ensemble à Chattanooga, dans le Tennessee, et nous sommes allés à Nashville pour trouver un batteur. Van venait de quitter Londres pour s’installer à Nashville et trouver un groupe. C’est comme ça qu’on s’est rencontrés, en 2004. Puis le guitariste est parti au bout d’un an, il a eu des ennuis de santé, s’est marié… On commençait à peine notre tournée qui allait s’avérer être sans fin – on est tout le temps sur la route – et lui n’a pas voulu suivre.

Dans quel univers musical avez-vous grandi ?
Van Campbell (batterie) : J’ai vécu entouré par la musique. Mon père est batteur, il a joué dans un groupe de dixieland pendant 25 ans. Il adore les big bands comme ceux de Duke Ellington, Count Basie, Stan Kenton… J’ai grandi en écoutant ces big bands et du jazz progressiste. J’ai commencé à jouer dans des groupes vers l’âge de douze ans. Ma mère chantait dans un groupe de folk qui répétait chez nous chaque semaine. C’était la fête à chaque fois ! La musique pour moi, c'était des gens qui boivent et qui s’éclatent. Pour John c’était l’opposé !
John : Mon père est un pasteur baptiste. Je suis allé à l’église tous les jours jusqu’à mes seize ans et j’ai commencé à apprendre l’orgue et surtout le piano à l’âge de six ans. Ma mère chantait à l’église… Vers dix-neuf ans, j’ai commencé à jouer dans des groupes, mais c’était compliqué d’apporter son piano sur scène et il y en avait rarement sur place. C’est pour ça que j’ai commencé à jouer sur des claviers, avant de passer définitivement aux Rhodes.




D’où vient ton surnom, « Reverent James Leg » ?
John : Il y avait un type un peu barré dans le Tennessee, où j'habite, qui m'a toujours appelé James. C'est devenu une sorte d'alter ego.

Alive Records est un label indépendant réputé et très sélectif. Quand avez-vous commencé à travailler ensemble ?
John : Peu après le départ de notre guitariste, on a décidé de continuer à deux et on a commencé à enregistrer. Van a envoyé un disque avec trois ou quatre titres à Patrick Boissel, le directeur du label. Patrick est de ces rares types qui écoutent les démos que les groupes lui envoient. La plupart des labels ne s’en donnent même plus la peine. On a eu beaucoup de chance : on n’avait contacté aucun autre label et on est tombé tout de suite sur le bon !
Van : C’est vraiment des gens supers. C’est un label avec une ambiance très familiale. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour aider leurs artistes. On a eu de très bons rapports avec eux.

Dan Auerbach des Black Keys a produit votre second album « A Touch Of Someone Else’s Class » (2008) : comment cela a t-il été possible ?
Van : C’est le label qui a organisé ça. Le premier album des Black Keys [« The Big Come Up », ndr]
est sorti sur Alive Records et Dan est resté très proche de Patrick. Je crois qu’on n’est pas les premiers à avoir été produits par Dan.
John : Oui, il s’est aussi occupé du premier album de Radio Moscow (« Radio Moscow ») et des albums des Buffalo Killers.

Ca vous a plu de travailler avec lui ?
Van : Beaucoup. Il a un studio vraiment génial, chez lui dans l’Ohio. On a fait ça très vite, en trois ou quatre jours.
John : On a débarqué chez lui, on dormait par terre. On se mettait au boulot le matin, on bossait toute la nuit. C’était super.




Qu’a t-il apporté à l’album ?
Van : Un son plus pro, je crois. Il a vraiment du très bon matos et il sait ce qu’il fait. Pour le premier album,
« Every Damn Time », on ne savait pas très bien ce qu’on faisait, on était limité en matériel. Cela dit, on a été très contents du résultat et on aime toujours comment il sonne, peut-être même plus que pour le second album, qui fait plus pro mais dont les chansons passent plus facilement à la radio.
John : On était très fiers du premier album. Pour le deuxième, on a voulu insuffler la même énergie.

Envisagez-vous de travailler avec lui de nouveau ?
John : Qui sait ? On va se remettre à enregistrer au mois d’août, mais on ne sait pas encore vraiment où on va le faire. On a aussi un album live qui va sortir, on est en train de le terminer, ça devrait être prêt pour octobre.

Avez-vous l’impression d’appartenir à la scène « raw blues » qui s'est développée ces dernières années ?
Van : Oui, je pense qu’on fait partie de cette scène, quelque part, mais je ne sais pas trop où. En fait, on dirait qu’il y a deux scènes différentes : une scène majeure, commerciale avec les Black Keys et les White Stripes – non pas qu’ils aient eu forcément l’ambition de faire de la musique commerciale, mais pour certaines raisons, ces groupes se sont détachés du lot et il y a plus d’argent derrière eux. Et puis il y a des centaines de groupes qu’on connaît, aux Etats-Unis et en Europe, qui font du blues ou des trucs dérivés du blues, des gens très doués qui ne seront probablement jamais connus. The Black Keys sont la partie émergée de l’iceberg. On a envie d’être sur le même plan qu’eux parce qu’ils font de la super musique.

John, tu joues sur un Fender Rhodes, quel âge a t-il ?
John : Celui que j'utilise ici date de 1979. On l’a acheté en février dernier. Il a passé toute sa vie sur un bateau de croisière, puis s’est retrouvé dans une ferme, dans l’ouest de l’Allemagne. C’est là qu’on est allés le chercher. Il est très bon. On en a trois autres aux Etats-Unis. Ils datent tous du milieu à la fin des années 70.

Vous avez énormément tourné depuis la sortie de votre premier album en 2007. Une idée du nombre de concerts ?
John : Je dirais 260 par an. Depuis deux ans, on passe à peu près trois semaines sur quatre sur les routes.

Et vous aimez ça ?
John : La plupart du temps !
Van : C’est comme pour tout : il y a des bons et des mauvais jours. Ca fait beaucoup de temps passé sur la route, et beaucoup de travail pour jouer seulement une heure le soir. Mais c’est notre boulot.




Il y a une vidéo de vous jouant sur une remorque tirée par un tracteur…
Van : Oui, Tractor Blues. C'était quelque part entre Bruxelles et Paris, dans un petit village, pour le festival Nuits Secrètes. On était un peu comme une parade.
John : C’était fou ! On s’arrêtait régulièrement et les gens se rassemblaient autour de nous pour nous écouter, puis on repartait. Il y avait deux autres tracteurs avec Legendary Tigerman sur l’un et Delta Heads sur l'autre. C’était de très vieux tracteurs : ça secouait beaucoup !

Avez-vous un autre souvenir de concert marquant ?
John : On a joué sur une espèce de péniche l’autre jour, à Hambourg en Allemagne.
Van : Ca aussi c’était fou ! Le bateau était petit et plein de gens : on a cru qu’il allait couler ! Mais c’était cool ! Ce qui est étrange c’est que nos meilleurs concerts se sont passés sur les plus petites scènes. Quand les gens sont très près de la scène, on sent vraiment l’énergie qu’ils dégagent !

John, qu’as-tu fait pour avoir la voix aussi éraillée ?
John : J’ai bu beaucoup de whisky ! Mais j’ai arrêté. Et j’ai beaucoup fumé. Ca aussi j’avais arrêté, mais j’ai repris…

Vous faites régulièrement des reprises sur vos albums et sur scène, y êtes-vous attachés ?
John : Pour « A Touch Of Someone Else’s Class », on a travaillé avec Dan Auerbach, c’est donc de ça qu’il s’agissait, de la touche de quelqu’un d’autre. Ajouter des reprises d’autres artistes, c’est dans le même esprit. On adore Tina Turner, on reprend aussi des chansons de Van Halen...

D'où vient le nom de votre groupe ?
John : D’une ancienne marque de cordes de guitare américaines, « Black Diamond ». Ils vendaient trois tirants de cordes : « light », « medium » et « heavy ». Les heavies étaient tellement dures qu’elles faisaient saigner les doigts. A l’époque on avait encore un guitariste ! Il nous a quittés plus ou moins au moment où les Black Keys se faisaient connaître. Ils avaient déjà pris le nom cool ["black keys" = les touches noires", ndr] alors on n’a pas changé le nôtre…

Propos recueillis par Céline M.


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