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Black Diamond Heavies : Interview

Rock Times: Black Diamond Heavies : Interview

12/07/2009

Black Diamond Heavies : Interview




Les flammes du Mississippi


Quatre mois seulement après leur passage à la Mécanique Ondulatoire, les Black Diamond Heavies, duo blues rock décapant du sud des Etats-Unis, étaient de retour à Paris, le 23 juin. Avant d'aller suer sang et eau sur la scène du Point Ephémère, John Wesley Myers et Van Campbell répondaient à nos questions.

Black Diamond Heavies est un duo plutôt récent, comment s’est-il formé ?
John Wesley Myers (chant, claviers) : Le guitariste Mark Holder et moi avions commencé à jouer ensemble à Chattanooga, dans le Tennessee, et nous sommes allés à Nashville pour trouver un batteur. Van venait de quitter Londres pour s’installer à Nashville et trouver un groupe. C’est comme ça qu’on s’est rencontrés, en 2004. Puis le guitariste est parti au bout d’un an, il a eu des ennuis de santé, s’est marié… On commençait à peine notre tournée qui allait s’avérer être sans fin – on est tout le temps sur la route – et lui n’a pas voulu suivre.

Dans quel univers musical avez-vous grandi ?
Van Campbell (batterie) : J’ai vécu entouré par la musique. Mon père est batteur, il a joué dans un groupe de dixieland pendant 25 ans. Il adore les big bands comme ceux de Duke Ellington, Count Basie, Stan Kenton… J’ai grandi en écoutant ces big bands et du jazz progressiste. J’ai commencé à jouer dans des groupes vers l’âge de douze ans. Ma mère chantait dans un groupe de folk qui répétait chez nous chaque semaine. C’était la fête à chaque fois ! La musique pour moi, c'était des gens qui boivent et qui s’éclatent. Pour John c’était l’opposé !
John : Mon père est un pasteur baptiste. Je suis allé à l’église tous les jours jusqu’à mes seize ans et j’ai commencé à apprendre l’orgue et surtout le piano à l’âge de six ans. Ma mère chantait à l’église… Vers dix-neuf ans, j’ai commencé à jouer dans des groupes, mais c’était compliqué d’apporter son piano sur scène et il y en avait rarement sur place. C’est pour ça que j’ai commencé à jouer sur des claviers, avant de passer définitivement aux Rhodes.




D’où vient ton surnom, « Reverent James Leg » ?
John : Il y avait un type un peu barré dans le Tennessee, où j'habite, qui m'a toujours appelé James. C'est devenu une sorte d'alter ego.

Alive Records est un label indépendant réputé et très sélectif. Quand avez-vous commencé à travailler ensemble ?
John : Peu après le départ de notre guitariste, on a décidé de continuer à deux et on a commencé à enregistrer. Van a envoyé un disque avec trois ou quatre titres à Patrick Boissel, le directeur du label. Patrick est de ces rares types qui écoutent les démos que les groupes lui envoient. La plupart des labels ne s’en donnent même plus la peine. On a eu beaucoup de chance : on n’avait contacté aucun autre label et on est tombé tout de suite sur le bon !
Van : C’est vraiment des gens supers. C’est un label avec une ambiance très familiale. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour aider leurs artistes. On a eu de très bons rapports avec eux.

Dan Auerbach des Black Keys a produit votre second album « A Touch Of Someone Else’s Class » (2008) : comment cela a t-il été possible ?
Van : C’est le label qui a organisé ça. Le premier album des Black Keys [« The Big Come Up », ndr]
est sorti sur Alive Records et Dan est resté très proche de Patrick. Je crois qu’on n’est pas les premiers à avoir été produits par Dan.
John : Oui, il s’est aussi occupé du premier album de Radio Moscow (« Radio Moscow ») et des albums des Buffalo Killers.

Ca vous a plu de travailler avec lui ?
Van : Beaucoup. Il a un studio vraiment génial, chez lui dans l’Ohio. On a fait ça très vite, en trois ou quatre jours.
John : On a débarqué chez lui, on dormait par terre. On se mettait au boulot le matin, on bossait toute la nuit. C’était super.




Qu’a t-il apporté à l’album ?
Van : Un son plus pro, je crois. Il a vraiment du très bon matos et il sait ce qu’il fait. Pour le premier album,
« Every Damn Time », on ne savait pas très bien ce qu’on faisait, on était limité en matériel. Cela dit, on a été très contents du résultat et on aime toujours comment il sonne, peut-être même plus que pour le second album, qui fait plus pro mais dont les chansons passent plus facilement à la radio.
John : On était très fiers du premier album. Pour le deuxième, on a voulu insuffler la même énergie.

Envisagez-vous de travailler avec lui de nouveau ?
John : Qui sait ? On va se remettre à enregistrer au mois d’août, mais on ne sait pas encore vraiment où on va le faire. On a aussi un album live qui va sortir, on est en train de le terminer, ça devrait être prêt pour octobre.

Avez-vous l’impression d’appartenir à la scène « raw blues » qui s'est développée ces dernières années ?
Van : Oui, je pense qu’on fait partie de cette scène, quelque part, mais je ne sais pas trop où. En fait, on dirait qu’il y a deux scènes différentes : une scène majeure, commerciale avec les Black Keys et les White Stripes – non pas qu’ils aient eu forcément l’ambition de faire de la musique commerciale, mais pour certaines raisons, ces groupes se sont détachés du lot et il y a plus d’argent derrière eux. Et puis il y a des centaines de groupes qu’on connaît, aux Etats-Unis et en Europe, qui font du blues ou des trucs dérivés du blues, des gens très doués qui ne seront probablement jamais connus. The Black Keys sont la partie émergée de l’iceberg. On a envie d’être sur le même plan qu’eux parce qu’ils font de la super musique.

John, tu joues sur un Fender Rhodes, quel âge a t-il ?
John : Celui que j'utilise ici date de 1979. On l’a acheté en février dernier. Il a passé toute sa vie sur un bateau de croisière, puis s’est retrouvé dans une ferme, dans l’ouest de l’Allemagne. C’est là qu’on est allés le chercher. Il est très bon. On en a trois autres aux Etats-Unis. Ils datent tous du milieu à la fin des années 70.

Vous avez énormément tourné depuis la sortie de votre premier album en 2007. Une idée du nombre de concerts ?
John : Je dirais 260 par an. Depuis deux ans, on passe à peu près trois semaines sur quatre sur les routes.

Et vous aimez ça ?
John : La plupart du temps !
Van : C’est comme pour tout : il y a des bons et des mauvais jours. Ca fait beaucoup de temps passé sur la route, et beaucoup de travail pour jouer seulement une heure le soir. Mais c’est notre boulot.




Il y a une vidéo de vous jouant sur une remorque tirée par un tracteur…
Van : Oui, Tractor Blues. C'était quelque part entre Bruxelles et Paris, dans un petit village, pour le festival Nuits Secrètes. On était un peu comme une parade.
John : C’était fou ! On s’arrêtait régulièrement et les gens se rassemblaient autour de nous pour nous écouter, puis on repartait. Il y avait deux autres tracteurs avec Legendary Tigerman sur l’un et Delta Heads sur l'autre. C’était de très vieux tracteurs : ça secouait beaucoup !

Avez-vous un autre souvenir de concert marquant ?
John : On a joué sur une espèce de péniche l’autre jour, à Hambourg en Allemagne.
Van : Ca aussi c’était fou ! Le bateau était petit et plein de gens : on a cru qu’il allait couler ! Mais c’était cool ! Ce qui est étrange c’est que nos meilleurs concerts se sont passés sur les plus petites scènes. Quand les gens sont très près de la scène, on sent vraiment l’énergie qu’ils dégagent !

John, qu’as-tu fait pour avoir la voix aussi éraillée ?
John : J’ai bu beaucoup de whisky ! Mais j’ai arrêté. Et j’ai beaucoup fumé. Ca aussi j’avais arrêté, mais j’ai repris…

Vous faites régulièrement des reprises sur vos albums et sur scène, y êtes-vous attachés ?
John : Pour « A Touch Of Someone Else’s Class », on a travaillé avec Dan Auerbach, c’est donc de ça qu’il s’agissait, de la touche de quelqu’un d’autre. Ajouter des reprises d’autres artistes, c’est dans le même esprit. On adore Tina Turner, on reprend aussi des chansons de Van Halen...

D'où vient le nom de votre groupe ?
John : D’une ancienne marque de cordes de guitare américaines, « Black Diamond ». Ils vendaient trois tirants de cordes : « light », « medium » et « heavy ». Les heavies étaient tellement dures qu’elles faisaient saigner les doigts. A l’époque on avait encore un guitariste ! Il nous a quittés plus ou moins au moment où les Black Keys se faisaient connaître. Ils avaient déjà pris le nom cool ["black keys" = les touches noires", ndr] alors on n’a pas changé le nôtre…

Propos recueillis par Céline M.


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